Je me nomme Karlene Napayok. J’ai récemment obtenu mon diplôme du programme de technologie environnementale (PTE) au Collège de l’Arctique du Nunavut (CAN), à Iqaluit, au Nunavut. J’ai entendu parler de ce stage à plusieurs reprises lors des présentations faites par David Mate et Holly Steenkamp, du Bureau géoscientifique Canada-Nunavut (BGCN). Après les présentations, je me suis dit que je devais me remettre en question et sortir de mon élément pour donner une chance à la géologie. J’avais appris un peu de géologie pendant ma première année au PTE et j’ai pensé que le stage rafraîchirait mes connaissances sur les sciences de la Terre. Ma participation au stage en Californie m’a permis d’apprendre tant de nouvelles techniques et compétences géologiques et m’a préparée aux travaux de terrain qui m’attendaient cet été, ici, dans le sud de l’île de Baffin, avec le BGCN. Deux étudiants du PTE, un de première année et un de deuxième année, ont été choisis (moi-même et Randy Hinanik), de même qu’un étudiant du Projet sur l’apprentissage et le perfectionnement des Inuits (Joanna Panipak) d’Iqaluit, au Nunavut (voir photo 1).
Au cours du stage pratique, nous avons rencontré des étudiants de l’Université Dalhousie à Halifax, en Nouvelle-Écosse, venus de villes de partout au Canada pour obtenir leur diplôme en géologie. Tous des étudiants en troisième année, ils ont eu la chance de participer à ce camp pratique de 3 crédits en vue de l’obtention de leur diplôme. Ils en étaient à deux semaines de camp quand nous sommes arrivés. Ils étaient extraordinaires et amicaux et avaient quelques questions sur le Nord (voir photo 2).
Le premier jour, nous avons fait une excursion sur le mont Lookout (8 300 pi), dans la vallée de la rivière Owen, où nous avons dîné après une conférence. Ensuite, nous nous sommes rendus au dôme d’Obsidienne, un dôme de lave de 1,5 km de long et de 2,5 m de haut qui fait partie de la chaîne volcanique des cratères Mono-Inyo, situé dans la forêt nationale d’Inyo. Le dôme est essentiellement un gros tas de verre volcanique noir brillant qui a été formé par une explosion (un souffle phréatique) lorsque le magma a atteint la nappe phréatique, provoquant la vaporisation de l’eau qui, à son tour, a refroidi le magma pour le transformer en roche. Il est situé au nord de Mammoth Lakes, juste au sud de June Lake, le long de la route 395 (voir photo 3).
De retour au camp, l’horaire à suivre comprenait la préparation du souper pour tout le groupe, la vaisselle du dîner ou du déjeuner, la préparation du déjeuner à 5 h 30 et le regroupement des aliments afin que les élèves puissent préparer leur propre lunch pour la journée. Il était essentiel que j’apporte beaucoup d’eau avec moi, car les températures étaient régulièrement supérieures à 30 °C. D’autres points importants à ne pas oublier étaient l’écran solaire, le lunch, les chaussures de randonnée, le carnet de notes de terrain, une loupe, une carte (carte topographique/image satellite) et, selon ce que nous faisions chaque jour, une tige de Jacob pour mesurer les couches sédimentaires du canyon Rattle Snake.
Les premiers jours, le temps n’était pas favorable. Nous avons eu des vents violents, de la neige, de la pluie et des tempêtes de grêle. Nous sommes donc restés au camp pour assister à des conférences sur les roches et les minéraux et recevoir les informations dont nous avions besoin pour les identifier, par exemple, la texture, la couleur, la densité, le goût, les stries, la dureté et l’emplacement général.
Notre projet principal consistait à cartographier la zone de la carte de Little Poleta (voir photo 4) sur le terrain, qui se trouvait à 20 minutes en voiture de notre campement (Camp Nelson). C’était l’endroit idéal pour apprendre à cartographier et à réaliser une coupe transversale géologique. Seuls quelque 10 000 étudiants universitaires ont visité ce site au fil des ans! Arrivés au sommet pour enquêter sur tous les contacts, nous avons fait un croquis de ce que nous avons vu.
Les universitaires réalisaient leur grand projet sur la carte de Big Poleta, qui se trouvait à 10 minutes de route de notre site. Ils avaient une zone beaucoup plus grande à couvrir et devaient travailler avec un partenaire de terrain pour prendre des mesures de la profondeur et de l’inclinaison.
À Little Poleta (voir photos 5 et 6), nous avons visité chaque unité géologique et avons indiqué le type de roche dont il s’agissait, l’âge relatif de l’unité et si elle était conservée dans un anticlinal ou un synclinal. S’il s’agissait d’un pli anticlinal, les roches les plus jeunes se trouveraient sur les bords, et les plus anciennes, au centre. Nous avons également appris à déterminer le sens de plongée des plis et à utiliser nos boussoles pour enregistrer les directions et les pendages. Ces informations ont été précieuses pour compléter notre section transversale par la suite. Nous avons également appris pourquoi il était important d’écrire clairement et proprement au crayon sur nos cartes et de nous référer à nos carnets de notes de terrain pour retrouver les observations que nous avions faites sur le terrain.
Au canyon Rattle Snake, nous avons appris à mesurer la direction et le pendage de différentes unités de roche et à les consigner correctement dans nos carnets de notes de terrain. Il s’agissait notamment d’expliquer avec le plus de détails possible ce que nous observions et mesurions. Grâce à la tige de Jacob, j’ai appris à mesurer avec précision les différentes épaisseurs des unités de roche.
Après avoir installé notre campement dans la vallée de la Mort, j’ai aussi appris l’existence d’alluvions dans le canyon Wild Rose, situé sur la route 178, juste après Stovepipe Wells et le canyon Red Wall. John Gosse, professeur à l’Université de Dalhousie, nous a donné l’explication de la présence des alluvions. Un cône alluvial est un dépôt de sédiments en forme d’éventail ou de cône qui est traversé et amassé par les cours d’eau. Si un cône est formé par des coulées de débris, on l’appelle à juste titre un cône de déjection ou un cône colluvial. Ces flux proviennent d’une seule source ponctuelle au sommet du cône et, avec le temps, ils se déplacent pour occuper de nombreuses positions à la surface du cône. On trouve généralement des cônes là où un canyon s’écoulant d’un terrain montagneux émerge sur une plaine plus plate, en particulier le long des fronts montagneux délimités par des failles (voir photo 7).
Ce stage m’a permis d’acquérir tellement de connaissances et de vivre une expérience inoubliable. J’ai pu voir des paysages incroyables. Cette expérience m’a préparée à mon prochain emploi d’été au sein du BGCN. J’aimerais remercier Michael Young, John Gosse et tous les assistants d’enseignement de leur aide dans les devoirs ainsi que le reste des étudiants qui ont fait de cette période un moment mémorable! J’ai l’impression d’avoir accompli tellement de choses! Je me suis prouvé que je pouvais survivre et même m’épanouir dans les conditions de terrain variables et rigoureuses. (Voir photos 8 et 9)